2.5.10

Bo mec belle bite (réponse à un commentaire obscène)

Les gens commentent peu sur ce blog. Ils m’écrivent souvent des messages personnels, envoyés à mon compte Facebook, au Twitter du blog, à la messagerie de Blogspot. Peut-être que les sujets abordés ici font davantage appel au privé… J’aime pourtant les commentaires publiés : ils actualisent l’expérience du médium. Sans eux, je ne verrais pas l’intérêt et j’écrirais plutôt dans mon journal intime.

Hier, j’ai reçu un commentaire public sous un billet publié il y a quelques mois, celui sur le flou, avec une photo de JH Engström, et sur le retour difficile du plus beau voyage. Un message obscène que j’ai refusé derechef. Maintenant, je regrette, alors le voici, avec l’orthographe inchangé : « tro bo le mec et trop belle bite ». 


Perplexe. Choqué, aussi. L’image n’est nullement pornographique. Devant les œuvres d’Engström, jamais je me suis dit que les mecs étaient beaux et qu’ils avaient de belles bites…


Ce message est stupide et hors sujet, il fait preuve d’un grand manque de respect à l’égard de l’expérience de déambulation, au voyage, à la pratique photographique et à l’écriture du billet, c’est vrai. Il peut aussi être interprété comme une façon de se moquer de ce qui est écrit, du projet du blog, même de ma posture d’écriture et du regard que je porte sur l’espace urbain. Oui, je crois que j’ai le droit de prendre ce message personnel, de le prendre comme une insulte vulgaire, comme une claque derrière la tête, comme une flatulence en pleine lecture de poésie, un rot en pleine messe, un tas de merde posé sur une scène de théâtre.

Je regrette d’avoir refusé ce commentaire. Ce blog est public. Refuser le message, c’est censurer.

Au lieu de colmater, d’occulter une opinion, aussi immature soit-elle, il vaut mieux, il me semble, de la commenter. Pas un débat, mais une réponse. Parce que j’ai le gros bout du bâton. Parce que je suis l’auteur de ce blog et j’ai le pouvoir de refuser un message, de le publier et d’y répondre. J’ai le beau rôle. Celui d’écrire à « Guito-Albi », visiblement Français, que le mec en question n’est pas beau, qu’il n’a pas une belle bite, et que le commentaire est tellement hors sujet que c’en est comique. Peut-être cherchais-tu un site pornographique de mecs très maigres avec des bites banales, photographiés pauvrement, avec des couleurs de maladie et une qualité technique horrible? Serais-tu tombé par hasard sur ce blog qui, à force d’idées philosophiques, poétiques et photographiques, à force de réflexion, t’a total fait débander? C’était frustrant? D’un coup de fouet de réflexions poétiques, tu as été retiré de ta recherche frénétique de gros plans sur des verges, c’est ça? Alors la seule chose possible à faire était d’écrire le commentaire le plus éloigné possible, le plus vulgaire et le plus faux? Le moins bien écrit, aussi… Trop beau le mec : faux. Trop belle bite : faux. Et mon ami, tu ne sais pas écrire.

Avec cette farce finalement plutôt banale, je réalise que ce blog est lu depuis quelque temps par des gens qui n’ont aucun lien avec ma vie privée. Au début, les seuls lecteurs étaient des amis proches. Ensuite, des collègues. Ensuite, des amis des amis. Maintenant, de purs inconnus. Il n’y en a pas beaucoup, mais assez pour que les commentaires soient gérés autrement. Ce « tro bo le mec et trop belle bite » sera le dernier à être refusé. Je préfère prendre une pause de photos pour répondre à ceux qui osent écrire. Faire la sourde oreille et censurer ce qui vient à soi, laideur ou beauté, poésie ou vulgarité, c’est refuser d’être dans une posture de déambulation. Ce commentaire, finalement, je le prends comme un tournant sérieux, bien qu’il soit d’une grande tristesse.

Guito-Albi : il y en a plein de beaux mecs aux belles bites sur internet. Ne te donne pas le mal d’essayer des les trouver dans des blogs de déambulations photographiques.

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