18.11.09

Déambulation intérieure 2. La Cantine




Ce n'est pas par hasard que je me suis retrouvé là. J'en avais entendu parler et j'avais lu un article assez convaincant sur ce resto/boutique/bistro/bar. J'étais un peu méfiant, c'est ma nature. Je me disais qu'il faut toujours voir les tout-en-un d'un mauvais œil. Je me disais que La Fabrique existait déjà, resto au même crédo (sans l'effet tout-en-un): recontextualiser en rendant fancy de la vieille bouffe québécoise souvent ordinaire ou peu originale. Kraft Dinner de luxe, Jo Louis de luxe, pâté chinois de luxe, etc. J'étais sorti de La Fabrique ébloui par les saveurs, mais un peu froid: quelque chose dans le concept plutôt dispendieux me dérangeait profondément. Je sentais qu'on avait transformé les recettes (délicieusement, faut l'avouer) pour justifier un prix parfois exorbitant pour une simple poutine (loin de moi l'intention de médire au sujet de La Fabrique qui est un resto cher, certes, mais au menu original, aux plats absolument délicieux et à la déco des plus intéressantes). Je me disais qu'il devait certainement y avoir moyen de manger un poutine un peu dénaturée, rendue meilleure au goût et plus sophistiquée, sans avoir à la payer 40$ ! Et pis fuck, une poutine, c'est une poutine!

C'est là que la Cantine s'impose.
 





Ce n'est donc pas par hasard que je me suis retrouvé là, pas plus de mon plein gré. Je me méfiais de cet endroit, mais une activité familiale m'y obligea. 


Si le fait de m'y rendre n'avait rien à voir avec le hasard, le lieu en tant que tel rend l'expérience assez similaire à celle de la déambulation. Dès l'entrée, le lieu oblige le regard à se promener un peu partout, au gré des détails, jusqu'à la tapisserie enfoncée dans le plafond. Lieu à la déco géniale, entre le lounge des années 1970 et le défl typiquement nord-américain des années 1950, ce restaurant ne cache pas non plus son côté bobo du plateau sans toutefois l'exacerber. Ici, les jeunes dépendants aux 5 à 7 m'as-tu-vu autant que les familles se sentent la bienvenue. Bravo pour l'accueil de toute la faune montréalaise: rares sont les lieux qui ne portent pas dans l'air ou sur les murs les marques d'un seul type de clientèle unique, homogène et fermée sur elle-même.






Malgré l'événement prémédité à l'origine de ma visite dans ce restaurant, la Cantine a sa place dans ce blog (pas de pub sur ce blog, je me le promets, mais il serait irrespectueux de passer sous silence la qualité exceptionnelle des repas, les prix raisonnables et l'originalité du menu) : l'expérience déambulatoire dans un lieu arrive souvent d'elle-même, quand on ne s'y attend pas. Elle se manifeste avec la stimulation des sens. La Cantine m'a sorti de l'ennui que certains restaurants nous infligent, celui de la routine commander-manger-payer-sortir. Ici, on regarde le menu longuement et on hésite, puis on commande et on regarde; on boit et on regarde; on mange et on regarde; on prend une pause et on regarde encore. En sortant de la Cantine, le regard en arrière est indispensable: une façon de prendre une photo du lieu pour ne pas l'oublier, une photo qui rassemble en un seul coup d'œil l'ensemble de l'expérience qui été, le temps d'un repas, décortiquée par fragments de lustres, papiers peints, nappes, chaises, miroirs, cadres et chandeliers. 
 




 

1 commentaire:

  1. je vais peut-être y aller demain!
    et regarde j'ai un blog moi aussi doucesesquives.blogspot.com !!

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